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Armand. 19
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A
RMAND (Mllc), actrice de l'Opéra-Comique pendant la foire Saint-Laurent de 1754.
L'an 1754, le lundi 2 feptembre, neuf heures du foir, en l'hôtel et pardevant nous François Bourgeois, etc., eft comparu Jacques-Nicolas Potel, facteur dc la pofte, ayant pour département le quarticr du faubourg SaintMartin, demeurant à Paris rue du Cimetière et paroiffe Saint-Nicolas-des-Cliamps : lequel nous a dit quc cejourd'hui fur les fept heures du foir il cft entré chez la nommée Armand, actrice de l'Opéra-Comique, demeurant faubourg Saint-Lazare au premier étage d'une maifon où pend pour enfeigne la Croix-Blanche, à deffein de lui remettre une lettre à elle adreffée ; qu'en remettant cette lettre à ladite Armand, qui étoit couchée" dans fon lit, elle lui a dit : « Te voilà donc, f.... gueux, f.... coquin, qui n'as pas voulu remettre cette lettre à ma fervante ni à ma feeur » ; qu'à cela le comparant lui a repondu qu'il ne connoiffoit point fa feeur ni fa fervante et qu'il lui étoit défendu dc remettre Ies lettres à d'autres qu'aux perfonnes à qui elles étoient adrclîécs ; quc malgré la modération de cette réponfe ladite Armand a continué d'invectiver le comparant, ce quc voyant il s'eft retiré en lui difant que, puifqu'ellc Pinjurioit, elle eût à venir retirer fa lettre au bureau ; qu'à peine étoit-il au bas de l'efcalier, la feeur de ladite Armand eft furvenue, s'eft jetée fur lui avce une grande fureur, lui a donné plufieurs foufflets, coups de poing ct de pied, a voulu arracher d'entre fés mains la lettre adreffée à fa feeur qui étoit cnliafféc dans le paquet des autres lettres dont le comparant étoit porteur, l'a faifi à la gorge ct a ufé d'une fi grande violence qu'elle a déchiré ct rompu cinq lettres qui reftoient dans ledit paquet à différentes adreffes; qu'au même inftant ladite Armand a paru à fa fenêtre et s'eft mife à crier au voleur, à Paffaffin ct que le comparant étoit un gueux qui emportoit fa lettre de change; que le comparant, pour éviter le bruit ct le fcandale, eft rentré dans l'allée de ladite maifon ct a remis à la fervante de ladite Armand, qui étoit dans la cour, ladite lettre adreffée à fa maîtreffe; que dans cet inftant la feeur de ladite Armand eft revenue une féconde fois, s'cft jetée avec fureur fur Ie comparant ct lui a encore donné nombre de foufflets, de coups de poing ct de coups de pied cn le traitant toujours de gueux, de coquin et dc voleur, et fans plufieurs voifins qui font furvenus ct l'ont tiré d'entre les mains dc la fecur de ladite Armand, elle l'auroit maltraité beaucoup davantage. De toutes lefquellcs injures, excès, violences, coups et mauvais traitemens, enfemble des bris, rupture ct déchirure defdites cinq lettres, le comparant nous rend plainte contre ladite Armand et fa fecur.
Signé : Potel ; Bourgeois.
(Archives dei Comm., n° 1227.)
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